Expérience utilisateur, flexibilité et identité numérique :
l’avenir est déjà dans la salle de réunion

Mirko Ciarlo et Massimiliano Viglianti
VideoGecom

Chiara Benedettini – Pouvez-vous nous donner un exemple concret de projet récent illustrant votre approche ?

MC - Nous avons récemment réalisé une salle de conseil équipée d’un système de régie assisté par intelligence artificielle générative. Le système reconnaît la personne qui parle, suit ses mouvements et crée des cadrages dynamiques et naturels, bien au-delà des simples préréglages automatiques. Ce type d’installation exige des technologies spécifiques, des investissements et une véritable conscience de la part du client. Il est également essentiel que les architectes et les concepteurs soient prêts à les intégrer dans l’espace ; sans ce dialogue, des désalignements difficiles à corriger apparaissent en phase opérationnelle.

CB - Vous parliez d’investissements : comment en évaluer l’équilibre avec les bénéfices ?

MC - Tout l’enjeu est là : rendre l’expérience d’utilisation plus fluide, c’est réduire les barrières technologiques. Un système intuitif est davantage utilisé, ce qui se traduit par un gain réel de temps et de ressources. Dans le passé, de nombreuses solutions ont échoué parce qu’elles étaient trop complexes. Aujourd’hui, grâce au cloud — désormais largement adopté — et à une architecture réseau plus simple et distribuée, l’accessibilité s’est considérablement améliorée.

1.-2. Technologie installée dans la salle Tincani de l’Université LUMSA de Rome. 3.-4. Technologie installée dans l’Aula Magna de la Faculté des Lettres et de Philosophie de l’Université Roma Tre.

Pietro Conte - Le dialogue entre technologie et design est donc incontournable ?

MC - Absolument. La technologie doit faire partie intégrante du projet dès sa conception.

Massimiliano Viglianti - En tant qu’intégrateurs de systèmes, nous travaillons avec des interlocuteurs de plus en plus variés. La sphère IT est désormais perçue comme un service support. Ce n’est plus la nécessité technique qui dicte les projets, mais bien l’expérience utilisateur : nos clients recherchent des solutions technologiques déjà intégrées dans des environnements esthétiques et valorisants. C’est pourquoi nous avons développé des éléments propriétaires, comme notre table Kairos, conçue pour les executive rooms et situation rooms, ou encore des totems et consoles qui allient forme et fonction pour des présentations à fort impact.

PC - Aujourd’hui, technologie et aménagement évoluent souvent sur des voies parallèles. Quel rôle peuvent jouer les intégrateurs pour les rapprocher ?

MV - Servir de pont. Les technologies deviennent toujours plus performantes et complexes, mais peuvent sembler opaques pour un utilisateur non formé. Notre rôle est de créer cette convergence, en proposant des langages, des procédures et des interfaces adaptés aux besoins réels des utilisateurs finaux. La relation de confiance avec les clients est également essentielle : elle permet de dépasser la méfiance initiale et d’introduire des solutions utiles, non seulement pour les besoins d’aujourd’hui mais aussi pour ceux de demain.

MC - Lorsque la collaboration fonctionne dès le départ, les résultats sont évidents.
À l’inverse, si la technologie intervient trop tard, il devient difficile de l’intégrer à des espaces déjà figés. C’est pourquoi nous insistons tant sur la co-conception entre les différents professionnels impliqués : c’est là que se produit la véritable intégration.

PC - Comment les intégrateurs peuvent-ils contribuer à l’ergonomie et à l’expérience utilisateur ?

MC - Moins de câbles, moins de contraintes et des dispositifs toujours plus compacts rendent les espaces plus agréables à vivre. Mais attention : il n’existe pas de solution universelle. Dès que l’on sort des environnements très spécialisés, comme une salle de contrôle ou une salle de direction, l’intégration entre mobilier et technologie doit être évaluée avec soin, car chaque contexte a ses propres règles, esthétiques et besoins. De plus, les demandes d’espaces flexibles sont de plus en plus fréquentes.

5.-6. Technologie installée dans l’Auditorium du Rectorat de l’Université Roma Tre. 7.-8. Salle du Conseil d’Administration du Rectorat de l’Université Roma Tre.

CB - Vous parlez donc de polyvalence ?

MV - Oui, la polyvalence est l’un des principaux défis. Nous proposons souvent des solutions capables de répondre à plusieurs usages d’un même espace : salle de réunion, coin brainstorming, poste de travail hybride… Cette complexité reflète la transformation actuelle des entreprises, qui repensent leurs espaces dans une logique d’optimisation immobilière et de flexibilité. On passe d’un modèle un espace = une fonction à une conception plus dynamique.
Cela change également la logique d’investissement : moins de Capex (investissements à long terme), plus de Opex (expériences d’usage temporaires). Les entreprises veulent pouvoir modifier la configuration et les fonctions d’un espace sur de courtes périodes, sans rester prisonnières d’infrastructures trop rigides.

CB - Et pour l’avenir ? Quelles technologies seront au cœur des prochaines évolutions ?

MC - L’intelligence artificielle, sans aucun doute, non seulement comme outil software, mais comme capacité à interpréter les données environnementales et sensorielles pour activer des automatismes intelligents. Je citerais aussi la réalité virtuelle, qui me semble fascinante, même si son champ d’application reste limité à certains contextes spécifiques comme la formation, le médical ou les expériences immersives guidées.

MV – Pour ma part, je pense que la gestion de l’identité deviendra un sujet central. Dans la videconférence, par exemple, il faudra de plus en plus garantir que l’interlocuteur est bien celui qu’il prétend être. On parle déjà d’avatars, d’espaces collaboratifs virtuels, mais il manque encore une vraie certification de l’identité numérique. Les plateformes privées d’entreprise avec systèmes de identity management joueront un rôle clé dans le futur de la collaboration.

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9. Design et technologie discrète pour la salle de conférence de la Fédération Italienne de Volley-ball, Rome. (Crédits photo : FIPAV) 10. Salle polyvalente du siège central de SOL Polifunzionale, Rome.