Technologie sur mesure :
le métier de l’intégrateur de systèmes


Riccardo Negro

Sonitus

 
« Travailler comme intégrateur de systèmes a été une sorte “d’erreur de parcours”, ou peut-être une combinaison fortuite. J’étudiais, et une connaissance m’a proposé un poste dans la partie commerciale d’une entreprise du secteur… cela semblait conciliable avec l’université. J’ai commencé un peu pour plaisanter, puis le travail est devenu sérieux.
Nous avons constitué avec le temps un groupe aux compétences complémentaires, des personnes très différentes, mais qui fonctionnent bien ensemble — tant techniquement qu’humainement… nous sommes une entreprise faite de personnes, pas seulement de chiffres. Et cela fait une différence énorme dans notre travail quotidien. »
 
Dans cette interview, Riccardo Negro de Sonitus nous parle de l’identité d’une entreprise technologique mais très connectée aux personnes et à une certaine idée “artisanale” du métier… avec un point de vue bien affirmé : technologies et design ne sont pas des mondes parallèles, mais doivent devenir un système.

 

Quels sont les projets récents qui, selon vous, vous représentent le mieux ?

RN -

Avant tout, l’auditorium principal du Politecnico d’Ancône, en Italie. Un projet important et complexe, qui nous a demandé de repenser la technologie en fonction de l’architecture. Il s’agit d’un mur LED de 9 mètres installé sur une paroi convexe — une opération tout à fait hors normes. Nous avons conçu une infrastructure personnalisée et opté pour une diffusion audio au plafond afin de ne pas gêner la vue… une intégration totale, où technologie et architecture coexistent harmonieusement. Un autre projet significatif, actuellement en cours, concerne la basilique Saint-Marc à Venise, sur lequel je ne peux pas encore révéler beaucoup de détails. Parfois, nous prenons conscience du niveau de notre travail seulement lorsque nous le voyons dans le regard des autres ; comme ce distributeur qui nous a dit : «Je ne pensais pas que vous étiez capables de réaliser de telles choses. »

 

Dans la relation entre technologie et design, quel rôle joue aujourd’hui un intégrateur de systèmes ?

RN - Un rôle central. Je pense qu’il est aujourd’hui indispensable de savoir “tailler des solutions sur mesure”, de créer des intégrations personnalisées, et cela demande des synergies : il faut partir de l’idée, aller jusqu’à la réalisation, puis à l’assistance, en maintenant un lien direct avec ceux qui conçoivent et aménagent les espaces. C’est ainsi que Sonitus a toujours travaillé. Pour nous, les dispositifs audiovisuels sont des éléments de l’espace, pas de simples objets technologiques.

1. La salle immersive d’Accenture. 2.-3. La salle du Conseil communal de Pozza di Fassa, dans la province de Trente (Italie).

Cependant, aménagement des espaces et technologie suivent souvent des chemins séparés — dans les appels d’offres, les projets, les délais. Comment peut-on surmonter cette distance ?

RN - Il faut un changement culturel. Nous travaillons déjà avec des artisans qui nous aident à intégrer la technologie dans le mobilier. Mais le véritable enjeu réside dans la conception de l’espace : le dialogue entre les différents professionnels doit commencer beaucoup plus tôt, au moment où les idées se définissent — et non seulement lors de la rédaction des cahiers des charges. Dans ce contexte, le rôle de l’intégrateur peut évoluer, passant de simple exécutant à véritable partenaire, capable de proposer des solutions clés en main. C’est exactement ce que nous essayons de promouvoir : aller directement vers les concepteurs avec des environnements déjà configurés, mobilier compris.

 

Selon vous, quelle est l’importance de l’intégration entre installations, aménagement et infrastructures pour la polyvalence des espaces ?

RN - Elle est désormais à la base même de la conception des espaces, et cette demande nous est adressée de plus en plus souvent. La collaboration avec d’autres professionnels — y compris les artisans — vise précisément cet objectif.

 

Y a-t-il une technologie qui, selon vous, nous accompagnera dans les années à venir ?

RN – Je pense que l’immersion possède un grand potentiel, même si le marché n’a pas encore trouvé une voie unique. Les casques de réalité virtuelle, par exemple, sont trop invasifs, tandis que d’autres technologies — peut-être moins performantes — présentent aussi des limites. Mais je pense que ce n’est qu’une question de temps.

 

découvrez Sonitus

4. L’écran dans la salle de réunion de l’entreprise pharmaceutique Galderma, à Milan (Italie). 5. L’installation muséale de la tour de Barbaresco, dans la province de Cuneo (Italie).